Alors que 78% des internautes Français se déclarent membres d'au moins un réseau social, on peut se demander si les réseaux virtuels sont bénéfiques ou dangereux pour notre société. Par bénéfiques, nous entendons les apports positifs pour la société en l'aidant dans son développement ; par dangereux, nous parlerons des orientations néfastes pour la société.
Nous verrons d'abord comment les utilisateurs tirent parti de ces réseaux, puis nous analyserons les problèmes posés par leur utilisation.
Il y a quelques années, des critiques avaient annoncé l'arrivée massive des personnes de plus de 35 ans sur Facebook, qui était, jusque là majoritairement utilisé par des plus jeunes. Ces critiques avaient prédit le départ des adolescents, en voyant leurs parents, voir grand-parents, arriver sur le réseau. Nous pouvons maintenant affirmer que ces nouvelles inscriptions n'ont pas nui à son développement. Bien au contraire, elles n'ont fait que renforcer l'universalité du réseau et en populariser l'utilisation au sein des familles. En 2009, le nombre de 50-60 ans sur le réseau a augmenté de 120%, mais les 18-24 ans sont toujours la tranche d'âge la plus représentée avec 30% d' utilisateurs.
Les réseaux sociaux existent depuis la préhistoire. Ils ne sont qu'un cas particulier de la solidarité organique, c'est-à-dire l'interdépendance basée sur les différences entre les individus. Les réseaux sociaux (virtuels ou non) se forment entre des personnes autour d'intérêts communs. Sur Internet, la hiérarchie sociale tend à disparaître, cela peut s'expliquer par l'anonymat. Le vouvoiement en est l'un des témoins. Ces mœurs permettent donc une communication bidirectionnelle : par exemple, si on veut que notre publicité soit visible, il faut que l'on apporte quelque chose aux autres ou même rendre leurs publicités visibles. Les entreprises l'ont bien compris avec la formation d'animateurs de communautés qu'elles payent pour qu'ils donnent une image positive de l'entreprise sur les réseaux sociaux virtuels. Ils n'hésitent pas à utiliser l'humour lors de conversation avec les internautes pour donner aux consommateurs une impression de proximité. C'est bénéfique pour la notoriété de l'entreprise, mais aussi pour l'utilisateur qui peut, à la manière d'un centre d'assistance, trouver les réponses à ses questions.
Il est courant de penser qu'Internet ne permet la promotion que de grandes enseignes, mais les réseaux sociaux sont en vérité un formidable outil d'autopromotion qui permet à quiconque de se faire connaitre : Myspace ou Jamendo permettent de faire la promotion de son groupe de musique. Le premier exemple qui nous vient à l'esprit est celui de La Chanson du Dimanche qui a acquis une renommé national grâce à Myspace et leur blog.
À la manière d'un arbre relationnel, la diffusion des informations sur les réseaux sociaux se fait en majorité par les connaissances. De plus, les différentes fonctions de filtrages, qui limitent les informations diffusées à certains membres sélectionnés, rendent le cercle de lecteurs limité (les internautes déclarent à 33% ne partager leurs informations personnelles qu'avec leurs contacts). Alors que les informations des blogs ont vocation à être diffusées largement car la diffusion se fait par l'intermédiaire des moteurs de recherches et du contenu. Ces nouveaux modes de diffusion permettent la transmission rapide d'informations, ce que l'on appelle l'
actualité en temps réel.
Je suis blogger depuis deux ans. Je me suis efforcé de ne jamais parler de ma vie privé sur mon blog car j'ai toujours pensé qu'elle n'intéresserait personne. Un jour, un Internaut m'a contacté, après plusieurs échanges de courriels afin que je l'appelle. J'ai pris soin de masquer mon numéro et nous avons parlé de mon article et de ses différentes recherches. Lorsqu'il m'a demandé ma profession, j'ai répondu sans réfléchir « Je suis un blogger passionné d'informatique » sans indiquer que je suis étudiant. Il se pose ici le problème de la diffusion de ses informations personnelles, problème commun aux blogs et aux réseaux sociaux. Il s'agit, à la manière d'une ligne éditoriale de journal, de fixer les limites de son identité sur Internet. Certains Internautes vont même jusqu'à se forger deux identités numériques pour pouvoir conserver leur liberté d'expression tout en continuant à garder une identité politiquement correctesur Internet (principe d'autocensure).
Yoani Sánchez a été considéré en 2008 par le Time, comme l'une des 100 personnes les plus influentes au monde. C'est une bloggeuse Cubaine qui décrit le quotidien à la Havane (http://desdecuba.com/generaciony_fr) et communique avec le reste du monde par Twitter. Nous nous souvenons aussi, en 2009, de la « révolution Twitter » qui a suivi les élections contestées de M. Ahmadinejad en Iran. Le réseau a servi à l'organisation des manifestations. Bien que Twitter n'ait rien résolu, il a permit d'interpeller la communauté internationale. Dans ces deux exemples les services de microblogging ont été utilisés car, grâce à leurs multiples noms de domaines, ils ont été impossibles à censurer.
Dans cette seconde partie, nous allons essayer de réfléchir sur les problèmes posés par l'utilisation des réseaux sociaux. Dans un premier temps nous allons nous concentrer sur les problèmes liés à l'atteinte à la personne et la cyber-réputation, puis, dans un second temps, les conséquence de sa diffusion à des tiers.
Nous avons parlé de la possibilité pour un internaute de se forger deux identités sur Internet : une du paraitre, et une du transparaître. Il peut être assez aisé de contrôler son identité sur son propre blog, ou le blog d'un ami. Il m'est arrivé quelquefois de demander la suppression d'une citation ou d'une photo de moi sur les blogs d'une connaissance . Mais cela se complexifie à mesure que le réseau s'étend. Il est possible de contrôler ses écrits, mais il devient difficile de contrôler les écrits des autres. Nous avons donc un problème d'augmentation de la rapidité de diffusion des informations qui peut déboucher sur une perte de contrôle de données pouvant être compromettantes.
La partie cachée du problème de vie privée posé par les réseaux sociaux virtuels est la diffusion de ses informations à des tiers. En imaginant que nous arrivions à contrôler parfaitement les informations diffusées à nos amis. Il se pose le problème des informations diffusées à des tiers. Ainsi lorsque nous pensons avoir « sécurisé » notre compte en activant les fonctions de filtrage intégrées dans la plupart des réseaux sociaux. Nous ne pensons pas immédiatement que nos informations peuvent être exploitées par le réseau social lui même : l'organisation lucrative ou non qui administre les serveurs du réseau social. Dès l'instant où une information est entrée sur un réseau social, elle est rendu disponible aux cercles restreints des concepteurs du réseau. La politique de confidentialité des réseaux, peut rendre les informations disponibles sur une échelle allant de la simple utilisation à des fins de maintenances, à la mise à disposition à des tiers : des éditeurs d'application, voir des régies de publicités ciblées. Certains réseaux sociaux deviennent donc un enjeu commercial. Suivant la politique de confidentialité, ils peuvent être en droit de revendre nos informations personnelles ou nos photos.
L'entreprise SocialMedia a signé un partenariat avec Twitter qui l'autorise à utiliser n'importe quel tweet (message posté par les utilisateurs de Twitter) à des fins publicitaires En somme, pour paraphraser une journaliste du New York Time : « ne twittez rien que vous ne voudriez pas voir écrit sur les panneaux publicitaire du Times Square ».
En un clic nous pouvons nous rendre invisibles, et inatteignables pour certains. L'action est beaucoup plus simple et indolore que de changer de rayon dans un supermarché. Les réseaux sociaux facilitent donc le rapport technique entre les individus : les relations n'existent pas par affinité, mais par utilité. Ainsi, nous pouvons émettre un questionnement quant à la sincérité des relations numériques.
Il existe une raison pour laquelle les réseaux sociaux se sont développés aussi vite. Cette explication peut nous sembler empirique mais elle nous est donnée par le fondateur de Facebook lui-même : D'après lui, il existe un nombre calculable « d'instants ah !ah ! » après lesquels l'utilisateur deviendrait dépendant de Facebook. Ces instants peuvent arriver lorsque l'on voit des photos de ses proches. C'est ce qui pousse les internautes à s'inscrire sur ces réseaux. Lorsqu'ils reçoivent les courriels maintenant bien connus : « Regarde mon profil Facebook » contenant l'encart « D'autres personnes que vous connaissez peut-être sur Facebook ?» calculé statistiquement et qui listent dans la plupart des cas des personnes que vous affectionnez : une méthode de persuasion qui fonctionne.
Le problème de perte de contrôle des informations est, certes amplifié par la rapidité d'Internet et des réseaux sociaux virtuels, mais ils ne leur sont pas propres. Les rumeurs ont toujours existé, et vont probablement continuer. Dans le cas où les informations diffusées s'avèreraient vraies nous devons nous poser la question sur leur origine. Car, que ce soit dans le monde virtuel ou réel, tout fini par se savoir.
Internet facilite une sorte de rapport technique, mais la disparition de la hiérarchie sociale sur les réseaux sociaux virtuels, exclue la possibilité de domination durable entre deux individus.
Les réseaux sociaux ne sont que des communautés telles que nous les connaissons depuis loi du 21 août 1790, ils sont comparables à des associations. Dès 1995, Robert D. Putnam, un politologue, a décrit que les Américains étaient de moins en moins membres d'organisations sociales. Or depuis cette même date, ils sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux. Sur Internet, les appels aux dons fonctionnent très bien, et les réseaux sociaux sont des outils formidables pour organiser un événement.
Finalement, la valeur d'un réseau social ne provient que des utilisateurs qui le composent. Selon Robert Metcalfe, un acteur majeur dans le développement d'Internet, et sa loi éponyme : « L’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs. ». Cette affirmation a deux conséquences : elle explique pourquoi, malgré la revente d'informations personnelles par les grands réseaux (pourtant spécifiée dans les contrats d'utilisation), les internautes restent inscrits. Mais elle explique aussi, par extension, que les réseaux sociaux sont le miroir de notre société. Ils sont un outil de communication supplémentaire, comprenant bien des défauts, mais aussi des qualités favorisant les rencontres, les contacts avec ses amis ou sa famille, le suivi des informations en temps réel, l'organisation d'évènements. Tous ces avantages rendent les réseaux sociaux utiles à notre société.