Voici un article que j'ai initialement écrit pour la newletter de l'IUT de Valence. Bonne lecture.
C’est officiel, Free va bientôt rejoindre Orange, SFR et Bouygues. Il semble avoir mis beaucoup de temps à obtenir toutes les autorisations pour s’implanter : on en parle depuis 1999 ! Pourquoi ce retard, alors que des opérateurs comme Universal Mobile, Virgin, et plus récemment La Poste semblent avoir éclos très rapidement, et avec une facilité déconcertante ?
Une réponse à cette question serait de dire que ces entreprises n’ont finalement pas le même métier. Comme pour le transport ferroviaire dans certains pays, la téléphonie mobile est séparée en deux corps de métiers : les entreprises de gestion des infrastructures, qui s’occupent des rails, des fils électriques, et pour la téléphonie mobile, des antennes ; et les entreprises de commercialisation qui se chargent de trouver des passagers, ou des abonnés au réseau mobile.
Orange, SFR, Bouygues et Free disposent de leurs propres antennes. Leur déploiement est donc beaucoup plus lent, car ils doivent obtenir des permis de construir pour les antennes. L’autre difficulté à laquelle Free s’est heurté, est l’obtention des licences mobiles. En clair, les ondes, comme le sous-sol, sont des propriétés d’État : les radios achètent leur fréquence FM et les opérateurs doivent obtenir une autorisation pour utiliser une certaine plage de fréquences. En France, c’est l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, l’ARCEP, qui les attribue.
Virgin Mobile et La Poste s’occupent uniquement de la revente de minutes de communication. On les appelle donc des opérateurs virtuels (ou Mobile Virtual NetworkOperator, MVNO en anglais), car ils ne disposent pas de leur propre infrastructure. Ils essaient de proposer des tarifs plus avantageux en limitant les coûts : ils ne subissent pas directement les frais d’infrastructure pourtant nombreux (maintenance, électricité, et installation de nouvelles antennes, quand le trafic augmente, ou que la technologie évolue). Ils payent en revanche une redevance.
Les premières annonces de tarifs de Free semblent avoir fait peur aux opérateurs historiques, qui ont cherché à proposer des tarifs compétitifs. Comme ils ne peuvent pas réduire les coûts d’infrastructure, ils ont dû trouver une autre méthode. Dans la plupart des forfaits, il existe une sorte de mutuelle qui fonctionne comme une mutuelle maladie : on verse de l’argent tous les mois, et, au besoin, cet argent sert à financer des frais médicaux. Les opérateurs ont depuis longtemps attribué des points aux abonnés pour les aider à financer leur mobile :c’est ce qu’ils appellent les téléphones sponsorisés. Afin de proposer des tarifs plus attractifs, les opérateurs, comme Sosh, la branche « low cost » d’Orange, réduisent ou suppriment cette mutuelle. C’est donc à l’abonné d’épargner, pour pouvoir changer son téléphone. Attractif ? Oui. Avantageux ? C’est moins sûr...